Science du cheveu : l’eau et les boucles

L’eau et les boucles, voilà un sujet qui fait souvent débat sur les réseaux. Certains assurent que l’eau est une alliée, d’autre que c’est une ennemie. Et vous voilà, au milieu de toutes ces informations contradictoires, sans trop savoir qui croire. Mais si je vous disais que la science avait déjà tranché la question pour vous ? Car oui, la science du cheveu existe bel et bien et a prouvé ces affirmations par des faits réels. Alors, sans plus attendre, je vous aide à démêler le vrai du faux. L’eau et les boucles, bonne ou mauvaise chose ?

Un lâcher prise nécessaire

l'eau et les boucles : lâcher ses croyances

En réalité, tout est parti d’un réel que j’ai vu sur le compte Instagram d’une influenceuse bouclée. Je ne vous donnerai pas la référence, le but n’est pas vraiment de la pointer du doigt ou de lui faire de la pub — d’autant qu’elle n’en a pas besoin !

Bref, dans sa vidéo, elle disait presque que l’eau est bonne pour les boucles. Je vous avoue que ça m’a fait un petit pincement.

Nous ne sommes pas encore bien nombreux ni avec des communautés très conséquentes, pourtant, nous sommes un petit groupe à vouloir partager la vérité, basée sur des faits bien réels.

Alors, quand je regarde des vidéos de ce genre, créées pour faire le buz, cela me désole. Parce que la communauté de cette influenceuse lui fait confiance. Ainsi, cette croyance déjà très ancrée dans la majorité des esprits peut perdurer sans crainte.

D’ailleurs, certaines personnes s’y accrochent tellement qu’elles en deviennent même agressives — j’ai pu le constater dans des groupes d’aides pour les bouclettes sur les réseaux.

Je trouve ça tellement dommage, de voir avec quelle vitesse et quelle facilité la mal-information circule, quand les réponses scientifiques se trouvent juste à portée de main !

Alors, avant de continuer, je vous demanderai juste une chose. Rien qu’un instant, laissez vos certitudes de côté et ouvrez vos esprits.

Car la science a déjà tranché sur la question depuis longtemps : non, l’eau seule ne fait pas de bien à vos boucles.

Un abus de langage

l'eau et les boucles : abus de langage

Le réel mentionné plus haut partait pourtant d’une réalité, sur un abus de langage que j’ai moi-même utilisé ici.

Vous avez sûrement déjà lu que le cheveu serait « hydrphobe ».

Or, d’un point de vue purement littéraire, le terme n’est pas adapté, puisque la définition ne correspond pas du tout.

En effet, être hydrophobe veut dire que l’eau ne mouille pas. Pourtant, on sait bien que l’eau mouille les cheveux — et pas que, mais on verra cela plus tard !

Même s’il est maladroit, je pense que le terme est utilisé pour indiquer que l’eau n’est pas un grand adepte de l’eau.

Alors, oui, je suis d’accord, le mot n’est peut-être pas le bon, mais, dans le domaine capillaire, nous n’en sommes pas à notre premier abus de langage, loin de là !

Par exemple, on ne « nourrit » ni « n’hydrate » pas un cheveu. Je vous rappelle que c’est une nature morte, donc techniquement, il n’a pas besoin de boire ou de manger.

Cela étant dit, même s’il est mort, le cheveu réagit à son environnement et aux soins apportés.

Donc, ces termes sont employés pour différencier les produits humectants des produits riches. Car, morts ou non, les cheveux ont besoin des deux pour rester forts et brillants – à différents degrés et selon différents critères, comme leur porosité.

La science du cheveu : l’eau et les boucles

L'eau et les boucles

D’abord, ce que je vois très souvent, ce sont des personnes totalement perdues, noyées dans un flot d’informations qui n’ont de cesse de se contredire. Finalement, qui croire ?

Même si cette vérité ne se répand pas aussi vite que les tendances à la mode, la science du cheveu existe et des scientifiques se sont déjà penchés sur la question de l’eau et des boucles.

Attention, je ne vous parle pas de scientifiques qui travaillent pour des marques capillaires dans le but de vous vendre un produit soi-disant miracle qui serait réalisée en corrélation avec une pseudo-science.

Non, là je vous parle de personnes qui ne dépendent d’aucune marque. Eux travaillent uniquement au nom de la science et se basent sur les résultats de leurs expériences.

C’est cette science qui est la clé pour entretenir de manière optimale vos cheveux.

Elle n’est donc pas un mythe, mais elle n’est malheureusement pas suffisamment relayée en France : pour décrypter les articles ou les livres de ce sujet passionnant, il faut pouvoir le faire dans la langue de Shakespeare.

Ne vous inquiétez pas, j’ai traduit l’essentiel pour vous !

L’eau et les boucles : une question de chimie

Déjà, si l’eau était soi-disant si bonne pour les cheveux, alors pourquoi la pluie les rend tout gonflés et frisottants et pourquoi vous craignez tant l’humidité ?

Je vais vous répondre très simplement : parce que l’eau modifie chimiquement le cheveu.

Alors, je ne sais pas vous, mais moi, je n’étais pas très fan de la chimie à l’école. Aussi, je vais tâcher de vulgariser les choses au maximum.

Pour cela, je vous renvoie au chapitre 1 de notre chronique bouclée, afin de vous rappeler la base.

Nous avions notamment vu qu’il était composé de chaînes de kératine, elles-mêmes reliées par 3 types de ponts :

  • hydrogènes ;
  • salines ;
  • disulfures.

Dans ce cas, ce sont les liaisons hydrogènes qui nous intéressent tout particulièrement.

D’ailleurs, quelle molécule est, elle aussi, composée d’hydrogène ? L’eau !

Les liaisons hydrogènes

l'eau et les boucles : Liaisons hydrogènes du cheveu

En effet, pour rappel, une molécule d’eau (H2O) est composée de 2 parties d’hydrogènes et d’une partie d’oxygène.

Dans le cheveu, les liaisons hydrogène se forment entre les protéines de kératine et les maintiennent chimiquement ensemble.

Cependant, ce sont les liaisons les plus faibles de la chaîne. Il suffit d’un surplus d’eau ou d’une chaleur dépassant les 27 °C pour les rompre.

Quand l’eau s’en mêle

Finalement, pourquoi vous avez l’impression que l’eau est bonne pour vos cheveux ? Pourquoi cette croyance a la peau si dure dans vos esprits ? Il n’y a pas de hasard.

Quand vous mouillez vos cheveux, l’eau va rompre les liaisons hydrogènes sur son passage, ce qui va les rendre plus malléables, car plus élastiques.

C’est un état rêvé pour des cheveux bouclés : ils se démêlent plus facilement.

De plus, ces liaisons ont la capacité de se renouveler et de prendre la forme que l’on veut. C’est lorsqu’elles sont mouillées que l’on arrive à styliser ses boucles !

Cela étant dit, vous comprenez plus facilement pourquoi mouiller sa crinière régulièrement n’est pas forcément une bonne idée. Ce geste modifie constamment sa forme (le cheveu gonfle, se détend, se reforme).

Ainsi, si vous répétez trop souvent ce rituel, le cheveu va devenir sec, mousseux et plein de frisottis. On appelle ça la « fatigue hygrale ».

Enfin, c’est le même processus quand il y a une plus forte humidité ambiante. Les molécules d’eau présentes dans vos cheveux sont attirées par celles de l’atmosphère, entraînant un gonflement de la chevelure et des frisottis.

Pour la petite histoire, cette réaction face à l’humidité ambiante a donné une idée au physicien et géologue, Bénédict de Saussure. Ainsi, en 1783, il construit le tout premier hygromètre :

Premier hygromètre de Bénédict de Saussure, 1783

Cet appareil permettait de mesure le degré d’humidité… avec des cheveux humains !

L’eau, une amie qui veut du bien aux boucles ?

l'eau et les boucles : amie ou ennemie ?

Alors, finalement, est-ce que vos cheveux ont besoin d’eau ? De par leur composition, oui, sans aucun doute.

L’eau aide à nettoyer correctement le cuir chevelu, qui est un épiderme bien vivant, et à coiffer sa crinière, texturée ou non.

En revanche, voici ce que vous devez retenir de ce petit cours de chimie accéléré :

  1. L’eau ne doit jamais s’appliquer seule sur les cheveux : il faut bien comprendre qu’elle n’a aucun pouvoir hydratant (puisque le cheveu est mort), elle va même assécher votre chevelure. Donc, on mélange toujours l’eau avec des produits lavants, des soins ou des leave-in.
  2. Concernant les refresh, si vous sentez que c’est vraiment nécessaire, privilégiez le gel de lin ou d’aloé vera, qui sont composés d’eau, mais pas que !
  3. On ne mouille surtout pas ses cheveux tous les jours, sous peine de tomber dans le cercle infernal de la fatigue hygrale : vos cheveux ont un aspect rêche et sec, vous pensez qu’il faut les hydrater, vous les mouillez, et ainsi de suite.
  4. Pour protéger les cheveux et éviter un maximum de frisottis, intégrez un sérum huileux en fin de routine, sur cheveux complètement secs. Qu’importe votre type de cheveu, ils en ont tous besoin (il faut juste trouver la dose adéquate).
  5. Il est important de connaître son degré de porosité. Plus un cheveu est poreux, moins il est capable de se protéger. Il lui faut donc plus de conditionnement !

Le mot de la fin

Vous en savez maintenant plus sur l’eau et les boucles.

Certes, le mot « hydrophobe » n’est pas approprié, mais cela ne fait pas de l’eau une alliée des cheveux.

Comme vous l’avez vu, tout est une question de chimie. C’est une mécanique bien huilée et tous les cheveux fonctionnent de la même manière, parce qu’ils sont tous composés pareils.

Enfin, tous sauf les cheveux crépus, qui sont essentiellement constitués de liaisons disulfures, d’où leur aspect rêche et sec.

En tout cas, j’espère que ce petit cours de chimie vous aide à mieux comprendre les effets de l’eau sur vos cheveux et pourquoi l’humidité est leur bête noire.

Quant aux abus de langage, je vous dirai d’évoluer avec le vocabulaire qui vous parle le plus, même s’il n’est pas tout à fait correct.

Alors, si vous préférez les termes « nourrir » et « hydrater » plutôt que « renforcer » et « protéger », qu’importe !

Tout ce qui compte, c’est que vous compreniez comment fonctionnent vos cheveux, de quoi ils ont besoin et à quel moment.

Et, surtout, le plus important de tout : aimez vos boucles dans tous leurs états !

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