De nos jours, le déodorant est un cosmétique essentiel, preuve d’une hygiène irréprochable. La plupart d’entre eux promettent de stopper les odeurs et d’éliminer les bactéries. Pourtant, ce type de produit est très jeune par rapport à d’autres, puisqu’il a débarqué dans nos vies il y a une petite centaine d’années seulement. Mais alors, comment faisait-on avant ? Dans cet article, vous saurez tout sur l’histoire du déodorant.
Préhistoire : l’odeur, une carte d’identité
Il faut dire qu’à l’époque de la Préhistoire, l’odeur n’est pas un sujet très pertinent. Les hommes et femmes préhistoriques ont bien mieux à faire que de se préoccuper de leur hygiène corporelle.
Au contraire, l’odeur est même une sorte de carte d’identité : grâce à elle, on était capable de reconnaître les amis des ennemis.
Elle représente même un code d’alerte, une sorte de message instantané, comportemental ou sociétal.
Pour la petite anecdote, en Micronésie, les Nauruans ingèrent un liquide spécial qui va parfumer leur transpiration afin de conquérir leur dulcinée !
L’Antiquité : l’heure du changement
L’antiquité connaît deux phases distinctes.
Sentir le bouc, un signe de virilité !
Avant le XVIIIe siècle, on ne se pose pas encore beaucoup de questions sur les odeurs que dégage notre corps. Mais on joue avec.
Par exemple, en Chine, on se parfume la peau par fumigation, à coup d’encens à outrance.
Quant aux Latins, ils nomment l’odeur des aisselles« hircismus », qui signifie « relatif aux boucs ». Ils assimilent donc cette odeur à celle fétide de l’animal – et bon appétit !
Il n’y a que les Romains, pionniers de l’hygiène et du soin, qui se parfument déjà abondamment avec des produits odoriférants et autres parfums.
XVIIIe siècle : nouvelles pratiques de l’hygiène corporelle
À partir du XVIIIe siècle, commence à se développer une révulsion pour les odeurs, que l’on considère comme étant malsaines. C’est le début de l’hygiène, dans tous les sens du terme.
En effet, l’entretien de son corps va de pair avec l’entretien de la ville.
D’ailleurs, dès 1750, l’application d’une toilette légère aux odeurs subtiles et délicates est de rigueur.
C’est donc dans ce gros changement que germe l’idée de modifier, voire de supprimer, les odeurs corporelles.
Ainsi, le cabinet de toilette va prendre une place plus centrale dans le quotidien des personnes, qui prennent soin de parfumer certains éléments clé, comme leurs gants ou encore leur mouchoir.
L’histoire du déodorant prend donc tout son sens, puisque la transpiration va être regardée très attentivement à la loupe. Elle est vue comme la responsable des mauvaises odeurs.
Il est alors urgent de réduire la transpiration et surtout, d’éliminer les odeurs.
Déodorant : ses premiers pas dans la société
Je vous le précisais plus haut, le déodorant est une invention assez récente de notre société, puisque le premier voit le jour au 18e siècle.
Le vinaigre de toilette d’Antoine Maille
Le pionnier du déodorant est le fameux « vinaigre de toilette », créé par le grand distillateur-vinaigrier Antoine Maille (oui, oui, les moutardes !).
Ce produit était à base de lavande et de vinaire et, selon la légende, il aurait aidé à éradiquer l’épidémie de peste à Marseille en 1720.
À l’époque, on conseillait d’avaler, à jeun, une cuillère de ce liquide, et de se frotter les tempes et le creux des mains avec.
Dix ans plus tard, son fils, Antoine-Claude Maille, lui succède et fabrique pas loin d’une cinquantaine de vinaigres de toilette de beauté, à destination des nobles. Il y en avait pour toute sorte d’usage, comme :
- les cheveux ;
- la voix ;
- les bains ;
- les boutons ;
- etc.
En parallèle, il réalise aussi son vinaigre de moutarde, qu’on utilise encore de nos jours.
1888 : le déodorant crème anti-bactérien Mum
Cette année marque un premier vrai tournant dans le monde de l’hygiène des aisselles, avec l’apparition du tout premier déodorant, en format crème.
Il faut bien comprendre qu’à l’époque, la transpiration était encore un sujet très délicat, presque tabou.
Les gens ne connaissaient pas bien les déodorants et pour ceux qui en avaient entendu parler, ils ne regardaient pas ses produits d’un bon œil. Ils étaient considérés comme malsains et non-nécessaires !
En ce temps-là, on pensait qu’une bonne douche, des vêtements amples en coton et du parfum suffisaient à régler ces problèmes d’odeur.
Et, pour ceux qui transpiraient beaucoup, ils mettaient une compresse sous chaque bras, voilà tout !
Vous l’aurez compris, la plupart des personnes ne sont pas prêtes à vivre ce changement. Et cette résistance va avoir la peau dure quelque temps !
1903 : Everdry tente sa chance
À son tour, la marque « Everdry » tente sa chance avec sa première crème anti-bactérienne ET anti-transpirante.
Là encore, ce produit connaît un échec cuisant, car les gens estiment ne pas avoir besoin de ce type de cosmétique.
1912 : Odorono fait son entrée
De base, c’est une crème que son créateur, chirurgien, utilise pour éviter que ses mains transpirent lors de ses opérations.
Il faut attendre quelques années de plus et la détermination d’Edna Murphey, qui reprend le concept de son père pour le proposer pour les aisselles.
Sur le coup, ce déodorant fait un bide auprès de la population, toujours très frileuse à parler transpiration et odeur de bouc.
Pendant 2 ans, Edna s’acharne, sans succès.
Mais, les choses vont radicalement changer grâce à l’exposition d’Atlanta en 1912.
En effet, elle a attiré tellement de monde, qu’en 3 jours d’expositions, les gens avaient bien trop chauds et transpiraient des seaux !
À partir de là, les déodorants Odorono sont partis comme des petits pains : la machine était enfin lancée !
Il faut dire que cette marque promettait une protection totale pendant 72h. Impressionnant, mais la composition ne vous ferait pas rêver aujourd’hui.
En effet, ces déodorants étaient fabriqués à base de chlorure d’aluminium et d’acide.
Face à des aisselles décapées et des vêtements tâchés, les femmes ont commencé à râler.
Déodorant dans les années 20 : un marketing sexiste
Car, oui, les années 20 marquent un grand tournant dans l’utilisation du déodorant, uniquement pour les femmes.
D’ailleurs, les premières campagnes de publicité nous hérisseraient le poil aujourd’hui et seraient tout simplement balancées aux oubliettes. Sexiste au possible !
Seulement, à cette époque, la femme n’est pas encore bien considérée.
La marque Odonoro arrive même à faire oublier la composition dangereuse et néfaste de ses déodorants à coup de pub très révélatrices.
En gros, les femmes devaient sentir bon à tout moment, donc se mettre du déodorant.
Et vous savez quoi ? Ces campagnes ont marché !
En fait, Odorono a ouvert la voie à d’autres marques de cosmétiques en créant enfin un besoin.
Depuis, le déodorant a trouvé sa place dans nos salles de bain.
1935 : l’arrivée du déodorant pour homme
Jusqu’en 1935, les hommes n’ont pas vraiment à se préoccuper de leurs odeurs.
En effet, elles étaient assimilées à la virilité, donc acceptées par la société.
Cela dit, les enjeux marketing étaient trop grands et concernaient tout de même 50% de la population : il fallait que ça change !
Ainsi, Odorono crée en 1935 sa première gamme à destination des hommes, pour les « femmes qui veulent un mari qui sente bon ! ».
Là encore, la marque fait mouche.
C’est pourquoi, dans les années 40-70, de nombreuses autres marques s’engouffrent dans la faille et proposent alors de nouveaux formats novateurs :
- sticks ;
- roll-on ;
- sprays.
Comme ça, il y en avait pour toutes les envies et tous les goûts !
En revanche, il faut attendre encore quelques années avant que les campagnes publicitaires changent de registre et deviennent moins culpabilisantes – ou sexistes.
Durant cette période, cela n’empêchera pas les ventes de grimper en flèche : en 100 ans, on passe alors de 1 à 3,5 milliards de déodorants vendus.
Le déodorant de nos jours
Aujourd’hui, le déodorant est utilisé au quotidien, par les hommes comme les femmes.
Plus question de culpabiliser les populations, et encore moins de se servir des femmes comme d’un objet. Les publicités se concentrent sur l’efficacité et la composition de leurs produits.
En effet, on regarde à la loupe les ingrédients qui composent nos déodorants, car certains sont cancérigènes.
Certaines personnes préfèrent même fabriquer leur propre déodorant DIY – j’ai moi-même une recette naturelle et saine juste ici.
Aussi, avec ce besoin de revenir au naturel, les formats solides font leur come back.
Personnellement, j’ai craqué pour celui de la marque Adrane, qui a une odeur gourmande et qui s’applique sans blesser mes aisselles et me tient plus longtemps.
Bref, vous l’aurez compris, le choix des formules naturelles est large et s’étend de plus en plus, pour le plus grand bonheur de nos aisselles – et de notre santé.
Le mot de la fin
Vous connaissez maintenant toute l’histoire du déodorant.
C’est un cosmétique récent, qui a eu du mal à faire sa place au sein de la société, car la transpiration était un sujet tabou pendant des années.
Les marques ont dû agir subtilement pour créer un besoin.
Malgré une campagne de publicité culpabilisante et sexiste – qui ne trouverait pas sa place dans notre société actuelle – les ventes ont fini par grimper en flèche et faire de ce soin un cosmétique essentiel.
Aujourd’hui, c’est un indispensable de nos salles de bain. Heureusement, nous faisons également plus attention à ce que nous nous mettons sur la peau.